Lors d'une réunion au ministère, le secrétaire général de l'UNSA Éducation, Frédéric Marchand, est revenu sur le sujet du harcèlement scolaire, un sujet incontournable, qui ne peut pas faire l'objet d'annonces précipitées qui répondent avec immédiateté à l'actualité médiatique mais qui doivent s'inscrire dans un temps long. Ce n'est ni à la hauteur du sujet, ni à la hauteur du respect dû aux personnels déjà impliqués dans la lutte contre le harcèlement scolaire, quel que soit leur métier.
Monsieur le ministre,
Le sujet de la réunion d’aujourd’hui est une question très importante pour le monde éducatif.
En effet tout harcèlement à l’encontre d’un jeune est inacceptable. Il l’est également d’ailleurs pour les adultes mais c’est un autre sujet.
Le harcèlement a des conséquences importantes et parfois, conduit à des drames, voire à des décès. C’est intolérable et c’est un drame aussi pour les équipes éducatives. Et oui nous devons agir, améliorer nos pratiques et nos capacités à répondre.
MAIS monsieur le Ministre je veux ce matin au nom de la fédération vous dire toute ma colère et toute la colère d’une partie des équipes.
Agir dans la précipitation en annonçant des réunions de sensibilisation dans les collèges le vendredi pour la semaine suivante, c’est faire de l’agitation et de la communication. C’est faire semblant d’agir.
C’est manquer de respect total aux équipes des établissements et en particulier aux chefs d’établissements.
Nous pouvons comprendre la pression qui s’exerce sur le gouvernement après le décès de la jeune Lindsay.
Mais un travail sérieux ne peut se faire dans ces délais. Un plan est annoncé pour cette rentrée et vous nous en précisez aujourd’hui les orientations après que beaucoup d’entre elles soient déjà sorties dans la presse.
Pour l’UNSA Éducation les pistes ne passent pas nécessairement par un énième référent, mais si c’est le cas il faut qu’il soit reconnu en temps et financièrement et en dehors du « Pacte ».
Pour l’UNSA Éducation il est nécessaire de renforcer la formation et certains éléments du programme PHARE en cours de mise en oeuvre.
Il est important de former et d’accompagner la communauté éducative dans son ensemble.
Les équipes de vie scolaire doivent être renforcées, mieux formées, mieux reconnues financièrement. Les personnels sociaux et de santé doivent pouvoir être présents dans chaque établissement sur des temps plus longs.
La formation des élèves à la médiation par les pairs est un levier important.
Le harcèlement ne s’arrête pas aux portes des écoles et établissements, les parents doivent aussi faire alliance avec les équipes professionnelles pour relayer dans l’espace privé les attitudes respectueuses.
Le harcèlement prend des formes multiples et il faut gérer ce qui se passe dans l’établissement mais aussi à l’extérieur et sur les réseaux sociaux. Les équipes sont parfois démunies pour agir, n’ayant pas la main sur tous les leviers. Les équipes veulent agir et ne se résignent pas.
Il faut un accompagnement des partenariats avec les services de police et de justice, avec les réseaux associatifs locaux et tous les acteurs qui ont la volonté d’agir.
Il faut aussi, dans ce moment où la couverture médiatique et les drames qui surviennent renforcent l’émotion, ne pas tout qualifier de harcèlement. En effet, certains actes, certaines bagarres, certaines moqueries ne relèvent pas du harcèlement et doivent pouvoir être gérer par les établissements scolaires dans le cadre des sanctions prévues ou d’autres réponses éducatives.
En conclusion, monsieur le Ministre, nous vous disons que le SNPDEN Unsa appelle les chefs d’établissements à ne pas participer aux réunions en visioconférence sur ce thème, annoncées mardi, et à ne pas répondre à votre demande, dans de tels délais, pour organiser la sensibilisation.
L’UNSA Éducation souhaite travailler ce sujet, mais pas dans ces conditions, et se tient prête à travailler dans des délais plus raisonnables et en donnant du sens aux actions.